La prescription médicamenteuse : Un enjeu de santé publique pour les professionnels de santé

La prescription médicamenteuse : Un enjeu de santé publique pour les professionnels de santé

La prescription médicamenteuse est un élément central de la guérison des patients pris en charge, où elle joue un rôle important dans le choix et le suivi des traitements thérapeutiques. Pourtant, les erreurs liées à la prescription des médicaments représentent un grave problème de santé publique. En France, ces erreurs entraînent chaque année plus de 10 000 décès, 130 000 hospitalisations évitables, et 1,3 million de journées d'hospitalisation.

La sobriété médicamenteuse est un enjeu majeur de notre système de santé puisqu’elle influence aujourd’hui  l’accès de soins, le nombre de signalement de rupture de stock a atteint des niveaux inédits en 2023.

Ces erreurs peuvent concerner aussi bien des médicaments prescrits que des médicaments sans ordonnance et elles peuvent induire des effets indésirables. De plus, le bon usage des médicaments génériques est essentiel pour garantir la sécurité des patients.

Pour répondre à ces enjeux, la formation continue des professionnels de santé, y compris des pharmaciens, des médecins-traitants, et des infirmiers, est essentielle. Cette formation aborde des thèmes tels que la gestion des médicaments sous ordonnance et le bon usage des comprimés pour éviter les erreurs, notamment de surdosage. Conformément au code de la santé, cette formation fait l’objet d’une obligation triennale, visant à actualiser les connaissances et à réduire les risques d’erreurs. Cela inclut des aspects spécifiques tels que la gestion des médicaments à prescription initiale hospitalière et le respect des directives du code de mise sur le marché AMM.

Il est donc important de comprendre l’importance de cette obligation triennale, les dangers d’une mauvaise prescription, et les principaux axes de la formation pour améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients.Cette approche est vitale pour éviter les erreurs qui pourraient survenir, par exemple, lors de la délivrance de médicaments par les professionnels de santé en pharmacie ou parapharmacie.

L'obligation triennale et son importance

L'obligation triennale, est une exigence légale imposée aux professionnels de santé en France qui vise à garantir une mise à jour régulière de leurs compétences. Conformément au code de la santé, cette obligation impose aux chirurgiens-dentistes, médecins-traitants, pharmaciens, et autres praticiens de suivre tous les trois ans une formation continue portant, entre autres, sur la prescription médicale et thérapeutique.

Cette mesure est essentielle pour maintenir une prise en charge sécurisée et efficace des patients, en garantissant que les connaissances sur la prescription des médicaments soient toujours alignées avec les dernières recommandations et réglementations, notamment celles liées à l’autorisation de mise sur le marché AMM.

L'un des principaux objectifs de cette obligation est de renforcer la qualité des soins en assurant une meilleure maîtrise des processus de prescription des médicaments. En effet, des compétences régulièrement actualisées permettent aux professionnels de minimiser les risques d'effets indésirables, ce qui permet la réduction des accidents médicamenteux. Cela a un impact direct sur la sécurité des patients, mais aussi sur la santé publique en général en favorisant une meilleure gestion des médicaments à prescription initiale hospitalière et une conformité stricte avec les directives du code de mise sur le marché AMM.

De plus, cette formation continue aide à lutter contre des enjeux majeurs de santé publique, tels que l'antibio-résistance. En apprenant à mieux gérer les prescriptions, les professionnels de santé peuvent éviter la sur prescription et promouvoir une utilisation raisonnée des ressources pharmaceutiques.

Par ailleurs, cette démarche est soutenue par l’assurance maladie, qui reconnaît l'importance de cette obligation dans l'amélioration des pratiques médicales et la prévention des risques associés aux erreurs de prescription. Cette obligation triennale est un outil important pour garantir une ordonnance bien ajustée, elle permet de retrouver la confiance des patients envers les professionnels de santé et les pharmacies qui les prennent en charge. Elle s'assure également que les doses et la durée du traitement sont conformes aux recommandations du ministère de la santé, et que les comprimés et autres médicaments sont délivrés de manière appropriée dans les officines ou parapharmacies, tout en évitant le surdosage. Enfin, la carte vitale joue un rôle important dans le suivi de ces prescriptions et facilite l’accès aux produits pharmaceutiques.

Les connaissances en pharmacologie et les recommandations thérapeutiques évoluant vite, il est important d’actualiser régulièrement ses pratiques dans ces domaines puisque prescrire est un acte médicale à part entière, qui est loin d’être sans risque.

Les dangers d'une mauvaise prescription

En France, près de 8 consultations sur 10 se terminent par une prescription médicamenteuse. C’est plus que dans la majorité des pays européens. Malgré une prise de conscience des professionnels de santé, l’usage raisonné des médicaments reste un enjeu de santé public majeur.

Une mauvaise prescription médicamenteuse peut entraîner des conséquences graves pour les patients et la santé publique. Par exemple, 60 % des prescriptions d'antibiotiques par les chirurgiens-dentistes sont inutiles ou inadaptées. Ces erreurs augmentent le risque d'événements indésirables et de complications médicales, entraînant des hospitalisations évitables. De plus, les erreurs liées à la durée du traitement ou aux doses administrées peuvent aggraver ces situations.

Toutes les prescriptions doivent toujours tenir compte de l’état général du patient et des possibles interactions médicamenteuse avec son traitement habituel.

La non-conformité aux directives du code de la santé et du code de mise sur le marché AMM met en danger la santé des patients, mais aussi leur confiance envers les pharmacies et les établissements de santé. Pour les professionnels de santé, y compris les chirurgiens-dentistes, il est nécessaire de prescrire avec précision, en tenant compte des risques liés aux médicaments et en respectant les bonnes pratiques pour garantir une ordonnance sûre et efficace.

Pour rappel en odontologie, les prescriptions ont pour objectif de répondre de façon efficiente à une douleur, une inflammation ou à une infection.

Il est important lors de l’interrogatoire médical de prendre en les traitement en cours des patients mais aussi leurs antécédents médicaux et chirurgicaux ainsi que les pathologies dont ils souffrent pour adapter notre prescription.

Les axes principaux de la formation

La formation continue en prescription médicamenteuse est importante pour assurer la sécurité des patients et améliorer la qualité des soins. Voici les principaux axes de cette formation :

• Rédaction d'ordonnances : Respecter les normes légales lors de la rédaction d'une ordonnance est essentiel pour garantir la conformité au code de la santé. Une     non-conformité peut entraîner des conséquences juridiques graves et compromettre la sécurité des patients. Le renouvellement des ordonnances permet de réévaluer l’opportunité des traitement et identifier les situations à risque.
• Amélioration de la prescription des antimicrobiens : La formation met l'accent sur la prescription médicamenteuse appropriée des antibiotiques, bétalactamines, et antifongiques pour lutter contre l'antibio-résistance, un enjeu majeur de santé publique. Les professionnels apprennent à prescrire de manière appropriée pour éviter la surprescription.
• Prescription des antalgiques et anti-inflammatoires chez l'adulte : La prescription d'antalgiques comme le paracétamol et/ou les anti-inflammatoires doit minimiser les risques d'événements indésirables. La formation fournit des recommandations actualisées pour une gestion efficace de la douleur.
• Adaptation des prescriptions pour les patients spécifiques : Les prescriptions médicamenteuses doivent être adaptées selon les caractéristiques des patients, comme l'âge ou les comorbidités, pour éviter les interactions médicamenteuses dangereuses.

Le patient doit être accompagné pour comprendre et accepter l’absence de médicaments et adhérer dans certains cas aux alternatives thérapeutiques.

• Ressources pour une bonne prescription et suivi des traitements : Des outils et ressources sont fournis pour aider les praticiens à prescrire de manière appropriée et à suivre les traitements avec rigueur, notamment dans les établissements de santé et les urgences.
• Signalement des événements indésirables : Le signalement des événements indésirables est très important pour la sécurité des patients. La formation enseigne les procédures à suivre pour signaler ces incidents ce qui contribue également à l'amélioration des pratiques dans l'industrie pharmaceutique.
• Éducation et suivi thérapeutique : L'éducation des patients est essentielle pour prévenir les erreurs de prescription médicamenteuse et garantir un suivi thérapeutique efficace, ce qui est soutenu par des professionnels de santé comme les pharmaciens.

Ces axes de formation renforcent la compétence des professionnels de santé dans la prescription médicamenteuse, contribuant à une meilleure prise en charge des patients et à la réduction des risques pour la santé publique.

Conclusion 

La formation continue en prescription médicamenteuse doit faire l’objet d'une attention particulière, car elle est essentielle pour réduire les erreurs et améliorer la qualité des soins. Elle permet aux professionnels de santé de maîtriser les aspects légaux de la prescription des médicaments, en conformité avec le code de la santé et les directives de l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Les bénéfices sont nombreux : des patients mieux pris en charge, une réduction des effets indésirables, et une amélioration de la santé publique.

Le vieillissement de la population et la pratique de soins en ambulatoire pour des pathologies complexes font que le médicament devient de plus en plus le quotidien de la pratique du praticien.

Déprescrire pour éviter le risque iatrogène cependant la déprescription totale peut être difficile chez certains patients, il faut commencer par réduire la posologie ou remplacer le médicament par un plus approprié ou plus efficaces ou ayant moins d’effets indésirables.  

Cette formation aide les chirurgiens-dentistes à délivrer des médicaments en toute sécurité, qu'il s'agisse de médicaments sous ordonnance ou de médicaments génériques. Elle garantit également que la durée du traitement et la durée de validité des prescriptions sont bien respectées.

Enfin, elle assure que les professionnels restent informés des meilleures pratiques, y compris la gestion des urgences et des établissements de santé, pour des soins sûrs et efficaces. Il est donc essentiel que tous les professionnels de santé suivent cette formation pour garantir des soins thérapeutiques optimaux.